OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Les vieux cons et les jeunes cons http://owni.fr/2012/06/18/les-vieux-cons-et-les-jeunes-cons/ http://owni.fr/2012/06/18/les-vieux-cons-et-les-jeunes-cons/#comments Mon, 18 Jun 2012 02:53:29 +0000 Sabine Blanc et Ophelia Noor http://owni.fr/?p=113708

Laurent Chemla et les macarons des internets - For the lulz - (cc) Ophelia Noor

Quatorze heures et des poussières, un homme d’une quarantaine d’années, corps lourd et fatigué entre sur la petite scène de Pas Sage en Seine, festival de hackers polissons organisé depuis jeudi à La Cantine à Paris. Brouhaha, ça papote en sirotant une bouteille de Club-Mate, la boisson préférée des hackers boostée à la caféine, ou un café digestif, voire les deux en même temps, il en faut après trois jours de festival et autant de nuits courtes.  L’intervenant commence à parler, pas très fort, immédiatement, des “chuts” s’élèvent. Notre homme, c’est Laurent Chemla, un nom qui inspire le respect aux petits cons qui peuplent la salle. C’est en “vieux con” qui a connu les Bulletin Board System ou Usenet que Laurent Chemla est venu s’exprimer. Parce qu’un peu de recul, ça peut servir parfois pour analyser la situation.

<petit point historique> À vingt ans et quelques – nous sommes alors au temps du Minitel – Laurent Chemla se fait attraper pour avoir eu l’audace de pirater le serveur de Café Grand-Mère et de s’y être créé une messagerie. Si tant est que l’on puisse pirater quelque chose qui est ouvert.

Hacker la vie (pour la changer)

Hacker la vie (pour la changer)

Pas Sage en Seine se poursuit. Samedi, plusieurs intervenants se sont attaqués à un domaine souvent laissé en jachère : ...

Le législateur, (déjà ?) bête comme choux, essaye en vain de le faire condamner pour “vol d’électricité”, car le piratage informatique est alors inconnu de la loi.

Laquelle se rattrapera dès 1988 avec la loi Godfrain. Et d’autres. Celui qui s’autoproclamera “voleur” co-créera Gandi en 1999 , le premier registrar (loueur de nom de domaine) français. Depuis ses premiers pas sur le réseau, Laurent Chemla défend une certaine vision de l’Internet : celle d’un endroit qui ne doit pas devenir le royaume des marchands du temple mais un outil citoyen. En 1995, il créé ainsi l’Association des Utilisateurs d’Internet (AUI), un peu l’ancêtre de la Quadrature du Net. </end>

Vieux con mais pas triste sire, Laurent Chemla a pris au pied de la lettre une blague que lui a lancée un organisateur : il enfile un tablier de cuisine et sort des boites de macarons IRL qui seront engloutis par le public à la fin. Et durant tout son talk, une vidéo expliquant la recette de la délicate sucrerie défile en guise de slides. Il en faut bien une note d’humour pour faire passer son constat général :

Les combats de 2002 sont encore les mêmes aujourd’hui, c’est un vrai problème.

Hack, code, lulz @Pas Sage en Seine - (cc) Ophelia Noor

Le bilan des progrès est maigre : la cryptographie a cessé d’être considérée comme une arme de guerre, tout le monde peut désormais l’utiliser. Hadopi a eu une utilité : suite à une décision du Conseil constitutionnel, l’accès à Internet est considéré comme un droit fondamental et il faut l’autorisation d’un juge pour le couper. Mais pour le reste :

Aucun combat n’a été gagné, aucun combat n’a été perdu.

Le constat est aussi déprimant que les déclarations de l’ancienne ministre de la Culture Christine Albanel en son temps : Facebook n’a-t-il pas réussi l’exploit de nous voler quatre fois, en attendant la prochaine ?

Heureusement, notre “anarcho-syndicaliste à tendance situationniste” a l’art de distiller des touches d’humour. Comme lorsqu’il envisage de rejoindre le Parti Pirate pour faire bouger les lignes (de code) :

Rejoindre les clowns du Parti Pirate ne serait pas une mauvaise idée, même si une partie de leurs propositions sont floues. Hackons la politique. Ce serait hacker les hackers.

Et qui sait : peut-être qu’avec le temps, son souhait que l’Internet soit considéré comme un service public pris en main par l’État se réalisera… En attendant, Laurent Chemla, pour qui “les générations qui ont suivi ont été étonnantes“, se dit ainsi “admiratif” du travail accompli par La Quadrature du Net notamment.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Et au passage, en parlant de hacker les hackers, Jean-Baptiste Descroix-Vernier, le très controversé patron de Rentabiliweb, vice-président du Conseil national du numérique (CNN), un comité Théodule créé par Nicolas Sarkozy, s’est invité sur scène le temps d’une improvisation. Durant quelques minutes, il a répété à quel point il était une personne bien, qui a donné toute sa fortune pour des œuvres de charité. Pour mémoire, il avait voulu organiser une distribution de billets de banque sous la tour Eiffel pour faire parler d’une de ses filiales. Curieusement, son intervention hautement trollesque n’a pas suscité de réactions.

Du temps des dinosaures du web, des gus utopistes comme Chemla pensaient qu’on pourrait se passer des intermédiaires techniques, les tout-puissants fournisseurs d’accès (FAI) : une fois l’infrastructure posée, ne resterait-il pas qu’un peu de maintenance ? La suite a été un peu différente. Mais, mais, des petits Gaulois résistent, à leur échelle, en montant des FAI associatifs, réunis sous la bannière de la Fédération French Data Network (FFDN).

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Meatspace

Le cyberespace, les grands principes de l’éthique hacker, c’est bien. Pour autant, les hackers ne délaissent pas le meatspace, celui du matériel, du corps, de la “viande”. Tout se hacke, on vous l’a dit. Lassé de votre tee-shirt collector Telecomix ? Essayer donc l’upcycling : derrière ce terme un peu bullshit bobo numérique, se cache une pratique bien sympathique : récupérer vos fonds de placard pour en faire des vêtements que vous porterez avec fierté.

Hack tes vêtements ! - (cc) Ophelia Noor

Vers la fin de la journée, une odeur de malt en train de fermenter a flotté dans La Cantine. Car outre le Club-Mate, il était aussi possible de boire de la free beer, de la bière libre, dans tous les sens du terme : sa recette est disponible et pas besoin de débourser pour vider une pinte. Pour être honnête, ce n’est pas celle qui a été brassée en direct qui a été servie : les hackers ont beau être dotés d’une habileté technique certaine, mère Nature ne se laisse pas bidouiller facilement. Bref, fabriquer de la bière est un processus lent, et c’est ainsi depuis la nuit des temps.

La bière locale... - cc Ophelia Noor

Photographies par Ophelia Noor pour Owni

Retrouvez les vidéos des conférences sur le site de la Cantine et le compte-rendu des trois autres journées : Pour un Internet polisson !, Juste fais le. et Hacker la vie (pour la changer)

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Les politiques dans le viseur http://owni.fr/2012/04/22/les-politiques-dans-le-viseur/ http://owni.fr/2012/04/22/les-politiques-dans-le-viseur/#comments Sun, 22 Apr 2012 08:35:02 +0000 Anaïs Richardin http://owni.fr/?p=107139

Wilfrid Estève, directeur de la formation photojournalisme de l'EMI-CFD présentate le webdoc "60 secondes pour un quinquennat" et le projet 21 voix pour 2012. À La Cantine, Paris le 19 Avril 2012. © Milan Szypura

Jeudi soir, à la Cantine avait lieu une rencontre-débat sur la représentation du politique dans les médias.

Objectif électeurs #3

Objectif électeurs #3

21 voix pour 2012, ce sont 21 portraits d'électeurs par des photojournalistes, autour des thèmes de la campagne. Des champs ...

Après une première partie au cours de laquelle les photojournalistes de 21 voix pour 2012 ont présenté leur excellent projet pluri-média, les invités Mathieu Polak, André Gunthert, Ophelia Noor, Mathieu Sapin, Alain Soldeville et Arnaud Brunet ont échangé à l’occasion d’un débat organisé par Ziad Maalouf de l’Atelier des Médias.

Tous se sont accordés à dire que les partis politiques ont une mainmise sur les images de presse, notamment en organisant l’agencement des salles de meeting, dans lesquelles les photographes n’ont d’autres possibilités que de se serrer sur l’estrade d’un carré presse situé à 30 m de la scène, produisant ainsi une image conforme aux souhaits des partis.

André Gunthert, chercheur à Culture visuelle, regrette ce contrôle de l’image de plus en plus prégnant :

L’une des nouveautés de la campagne, c’est qu’il y a un contrôle beaucoup plus important de l’image par les partis. Ça donne une image qui n’est que spectacle, c’est un dispositif, une image construite par avance qui est comme une fiction.

La frontière serait donc parfois floue entre le factuel et le fictionnel.

Mathieu Polak, iconographe pour Le Monde et André Gunthert, chercheur en sciences sociales sur l'image et le lange à l'EHESS - © Jacob Khrist

Outre les problèmes de neutralité de l’information et de liberté du journaliste que cette mise en scène soulève, il y a aussi un problème de doublon de l’information entre le texte et une image trop construite, ce qu’explique Mathieu Polak, iconographe au journal Le Monde :

Lorsqu’elle [l’image,NDLR] montre le candidat à la tribune avec une foule devant et un drapeau français. C’est une image qui bégaye avec le texte.

Ce storytelling est imposé aux photographes, sauf si ceux-ci bataillent pour aller se poster à un autre endroit que celui qui leur est réservé. Ce dont témoigne Mathieu Polak :

Si on veut avoir une image différente des autres à un meeting politique, c’est une heure et demie d’intense bataille . Ou alors il faut grenouiller, escroquer.

Arnaud Brunet, photojournaliste indépendant/NEUS - © Jacob Khrist

Si les photographes désirent fournir une photo qui donne une autre information, qui raconte une histoire telle qu’ils la voient et non telle qu’on leur propose, ils doivent donc esquiver les services de sécurité, parlementer ou bien se faufiler en douce. Une méthode éprouvée par Arnaud Brunet, photographe et cofondateur de Neus Photos, qui cherche à diversifier ses prises de vue et utilise un matériel radicalement différent de celui de ses collègues :

Les contraintes qu’on nous a imposées m’ont obligé à prendre des points de vue différents, j’ai utilisé le panoramique, l’argentique, le noir et blanc. Avec un petit appareil, je suis discret, je passe partout.

Ziad Maalouf de l'Atelier des médias RFI animait le débat de la soirée 21 voix pour 2012 - © Jacob Khrist

Une liberté d’action qui lui permet de sortir des chemins tout tracés par les services de communication et de capturer le hors champ, parfois plus porteur de sens que l’image consensuelle que tous les médias publient :

Le fait d’ouvrir le champ, de cadrer en panoramique m’a permis de détourner les images, mais si on recadre, on obtient l’image officielle.

Mathieu Sapin, illustrateur et auteur du blog Journal d’une campagne, avoue que la discrétion est un atout pour avoir accès à des zones habituellement hors de portée. Comme il est dessinateur, il explique être certainement perçu comme une menace moindre qu’un journaliste armé d’un gros objectif :

Faire de la BD crée un certain capital sympathie, ce qui fait qu’on a accès à beaucoup de choses.

Comme la war room de Solférino le soir des primaires socialistes, par exemple.

Mathieu Sapin, dessinateur de BD politiques et auteur du blog Journal d'une campagne sur Libération.fr - © Jacob Khrist

Si Mathieu Sapin est indépendant et choisit lui-même ce qu’il décide de publier, ce n’est pas le cas des photojournalistes qui soumettent leur travail à une rédaction, ce qui ajoute un filtre supplémentaire à la création de l’image. Mathieu Polak a ainsi rappelé qu’il était nécessaire de prendre en compte l’existence du filtre éditorial.

Serrage de mains - © Mathieu Sapin

Le simple fait de choisir une photo pour la publier participe à la construction du sens de l’image. André Gunthert, chercheur à Culture visuelle l’a suivi sur ce point :

Le filtre éditorial change aussi la photo, le média est une strate intermédiaire invisible. Le fait de mettre en Une une photo, de la recadrer, c’est la mettre en valeur par rapport à un certain dispositif, celui de la Une de Libération, avec un joli titre.

Arnaud Brunet a ensuite soulevé l’importance de la légende dans le sens que donne un média à une image. Il a pris l’exemple d’une photographie de Nicolas Sarkozy, prise à la sortie d’un meeting, au moment où il saluait ses militants. Sur cette photo, on voit le président monter dans une voiture, bras droit tendu. Un bras droit que nous interprétons tous à l’aune de notre culture commune comme un salut nazi. Cette photographie s’inscrit dans une généalogie de l’image à laquelle on ne peut échapper.

Nicolas Sarkozy - Au revoir aux militants - Deplacement a Tour le 10 avril 2007 - © Arnaud Brunet /NEUS - cliquez sur la photo pour la voir en grand format

C’est à cette étape que la légende est importante. La photo étant relativement équivoque, il est important de la remettre dans son contexte. Arnaud Brunet a donc vendu cette photo en obligeant les médias qui souhaitaient la diffuser à y apposer la légende qu’il avait choisie « Nicolas Sarkozy dit au revoir à ses militants. »

Partant du constat que les médias participent activement à la construction du sens d’une image, Alain Soldeville, photographe,  a présenté son projet Parti Pris :

Il est très difficile de couvrir une campagne électorale, j’ai préféré faire ça depuis mon téléviseur et faire un travail sur la campagne vue par les médias. Je me suis interrogé sur la manière dont les médias montraient les politiques à la télévision. Je voulais montrer la syntaxe des images télévisuelles.

Partis pris Nicolas Sarkozy, invité de l'émission "Des paroles et des actes" sur France 2 le 5 mars 2012. © Alain Soldeville/Picture Tank

Alain Soldeville ne s’y est pas trompé en se postant derrière sa télévision,  car la campagne ne s’est pas jouée en ligne, contrairement aux attentes. Pour André Gunthert, le fait que la télévision ait été le pivot du traitement médiatique justifie l’agacement des citoyens qui, selon lui se traduirait par l’abstention au moment de se rendre au urnes :

La campagne a été maitrisée par la TV et tout s’est passé sur ce média. Les médias doivent être attentifs aux messages d’abstention des citoyens qui s’adressent aux élites. C’est peut-être aussi une critique de la manière dont cette campagne a été retranscrite par les médias. Les seules choses intéressantes que j’ai vues venaient des blogs, des réseaux sociaux, d’internet et des mèmes.

Ophelia Noor, iconographe @Owni.fr et Alain Soldeville (à droite) photographe indépendant membre de Picture Tank / à l'écran, photographie de François Bayrou par Arnaud Brunet pendant la campagne présidentielle de 2007 - © Jacob Khrist

Ophelia Noor d’OWNI a, elle aussi, fait ce constat de l’impact modéré d’internet lors de cette campagne,

alors même que son pouvoir de détournement peut être très puissant et viral. Ce qui s’est passé lors de la publication de la timeline Facebook de Sarkozy ou de son affiche de campagne la France Forte.

Le “mème” Sarkozy sur Facebook

Le “mème” Sarkozy sur Facebook

Nicolas Sarkozy réécrit sa vie sur Facebook. Un pur moment de communication, qui tombe à pic pour l’annonce, ...

Mais internet ne fonctionne pas de la même manière que la télé. Alors que les spectateurs se trouvent passifs devant un flot d’informations et d’images semblables, internet leur permet d’être actifs.

Sur le web, médias et internautes interagissent et l’information ne vient plus seulement d’en haut (top-down). Ophelia Noor explique comment les papiers d’Owni sont illustrés :

Sur les sujets politiques, nous optons pour l’illustration maison, ou un mélange de photo et de graphisme. A plusieurs reprises, nous avons puisé aussi dans les mèmes et détournements d’images sur Internet pour illustrer nos sujets.

Couvertures politiques d'Owni.fr en 2011 : graphisme, mèmes, détournements et montages photo (cc) Loguy, Marion Boucharlat, Elsa Secco pour Owni - Cliquez sur l'image pour la voir en grand format.

André Gunthert a repris l’exemple du visuel de campagne du président sortant « La France forte », dont les détournements ont fleuri :

Les mèmes sont la manifestation d’un mouvement bottom-up [qui part des citoyens, NDLR] encouragé par les nouvelles technologies. La campagne officielle est polluée par les mèmes, elle est perdue dans la masse du détournement. Le public reprend la parole dans une campagne qui ne nous a pas beaucoup écoutés.

Pour Arnaud Brunet, l’information en continu et l’usage de Twitter ont changé la manière de travailler des photojournalistes. Pour Mathieu Polak, ils induisent surtout un autre rapport à l’information :

Plus il y a d’images en continu, plus des images arrêtées et bien mises en page prennent de la valeur.

Soirée débat "les politiques dans l'oeil du viseur" et présentation et projection autour du webdoc "60 secondes pour un quinquennat" et le projet 21 voix pour 2012. À La Cantine, Paris le 19 Avril 2012. © Milan Szypura

Si Internet n’a pas eu l’impact escompté, il reste néanmoins l’espace privilégié des citoyens pour communiquer des contenus amusants, qui permettent de souffler dans ce flot continu d’informations et d’images similaires. 

Sarkozy détourné de son image

Sarkozy détourné de son image

Sitôt publiée, l'affiche de campagne de Nicolas Sarkozy a été détournée. André Gunthert, chercheur sur l'image et le ...

Mais qu’en sera-t-il de cet espace dans quelques années ? Prendra-t-il une place plus importante à la prochaine élection présidentielle ?

C’est ce qu’ Ophelia Noor espère :

J’attends de voir Internet prendre une place plus importante en 2017. Cette année les politiques se sont désintéressés du numérique qui n’était pas un sujet prioritaire.

André Gunthert a pour sa part fait remarquer que

dans deux ou trois ans on se souviendra des images détournées et non pas de la campagne officielle.

Arnaud Brunet a quant à lui regretté que la photo dérive de plus en plus vers la photographie people, se demandant si l’étau des communicants ne cesserait de se resserrer :

Les photojournalistes vont-ils devenir des paparazzis obligés de se cacher dans les buissons pour avoir une photo de Hollande ?

Une dérive qui empêche les photojournalistes d’exercer correctement leur métier. Ce que ne souhaite pas Mathieu Polak qui a émis le vœux de voir “se multiplier les demandes de portfolios avec des photojournalistes qui font un travail au long cours“.


© Photographies de la soirée par Milan Szypura et Jacob Khrist
© Photographies,  illustrations et détournements par Arnaud Brunet/NEUS, Mathieu Sapin , Alain Soldeville/Picture Tank et les interouèbes /-)

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http://owni.fr/2012/04/22/les-politiques-dans-le-viseur/feed/ 3
Ils ont hacké la presse http://owni.fr/2012/01/16/ils-ont-hacke-la-presse/ http://owni.fr/2012/01/16/ils-ont-hacke-la-presse/#comments Mon, 16 Jan 2012 17:52:19 +0000 Sabine Blanc et Ophelia Noor http://owni.fr/?p=94133 Mercredi dernier, OWNI co-organisait Hack The Press 2, l’événement de la rentrée en matière de data journalisme, avec Silicon Maniacs, La Cantine, Regard Citoyens, Epitech, et le soutien de La Netscouade. Cette joute amicale a opposé sept équipes pluridisciplinaires (développeurs-designers-journalistes) : elles avaient une journée pour concevoir une application à partir des données de Regards citoyens concernant les députés et les sénateurs.

Au terme du marathon, les équipes ont soumis leur projet au vote du public. Celui-ci a désigné à main levée le vainqueur : l’équipe “Cinq à sept”, pour son projet “Amitiés internationales”, a finalement levé au ciel leur trophée, le Minitel d’Or. Nous vous proposons ci-dessous un résumé des travaux présentés par l’ensemble des équipes.

Métarédaction

Les esprits chagrins regretteront que les projets n’aient pas été finalisés en temps et en heure : la plupart n’étaient accessibles qu’en local, à un stade plus ou moins avancé. On préfère retenir l’effervescence de cette journée, la richesse des travaux proposés, qui ont de quoi faire saliver plus d’un journaliste politique, et les envies qui sont nées de cette journée. Preuve aussi que la métarédaction n’est pas (toujours) une élucubration éthérée, certains ont exprimé la volonté de poursuivre les projets après.

Autre temps fort de cet événement, un appel à ouverture des données a été lancé, à l’issue de la conférence “Quelles data pour 2012 ?”. Il est visible sur le site Candidata.fr.

Hack The Press a en effet été l’occasion de constater à quel point il est encore difficile d’accéder à certaines données, pourtant nécessaires pour effectuer un travail de data journalisme correct dans le cadre de la présidentielle, et des législatives qui suivront. Vous pouvez compléter la liste des “courses” sur ce pad.

Équipe 1 : Poleetic

Mi-LOL, mi-sérieuse, l’application Poleetic reprenait le principe de Meetic appliqué au Parlement : saurez-vous trouver l”élu de votre cœur ? Une façon ludique d’aborder la question de l’uniformité sociale de nos représentants.

Équipe 2 : Watchdog

L’équipe 2 propose d’interroger les amendements similaires déposés par le Parlement : quel domaine concernent-t-ils, qui les dépose, etc. Son travail est rassemblé sur un site, Qui copie qui. On y trouve une visualisation de synthèse (cf. ci-dessous), un outil pour naviguer parmi les amendements similaires, présentés via un blog wordpress qui dispose d’un moteur de recherche.

Équipe 3 : CumuloNimbus

Une application pour mesurer l’impact du cumul des mandats sur l’activité des parlementaires, présentée dans ce document.

Équipe 4 : Awerty

Un outil pour évaluer l’activité de son député sur le sujet de son choix.

“Chaque point représente un député, avec au centre la moyenne de l’apparition du mot demandé :

- plus ils sont en haut à droite, plus ils ont écrit ou prononcé le mot en question ;

- plus c’est en bas à droite, moins ils en ont parlé ;

- en haut à gauche, ils essentiellement parlé du sujet cliqué en premier ;

- en bas à droite, essentiellement le second.”

Le développeur s’est heurté à des difficultés concernant le traitement des données, ce qui explique que l’outil n’ait pas été plus abouti mercredi soir.

Hack The Press

"Alors notre projet, il est super cool, votez pour lui, merci." Guillaume Guichard, de l'équipe n°2.

Équipe 5 : Cinq à sept

Les vainqueurs de Hack The Press 2 ont travaillé sur l’activité diplomatique des parlementaires : à quel groupe d’amitié internationale appartiennent-ils et dans quelle mesure la taille des groupes reflètent les liens économiques ou culturels ?

Équipe 6 : Datafluence

Une application pour comprendre comment nait l’actualité : influence-t-elle l’agenda parlementaire, ou vice-versa ?

“Les journalistes parlent-ils vraiment de ce qui intéresse le public ? Les élus sont-ils esclaves des rebondissements de l’actualité ? La rupture entre intelligentsia et le grand public est-elle réelle ? Y a t-il un gouffre entre le temps médiatique, le temps politique et le temps de l’opinion public et, si il existe, comment peut-on l’expliquer ?

Nous avons voulu interroger les influences, les relations et les imbrications entre l’agenda politique, l’agenda médiatique et l’intérêt du grand public. Pour cela, nous avons imaginé ce que l’on pourrait définir comme le “Storify” des datas”.

Hack the press

Ils ont de l'humour les Toulousains, malgré la fatigue : ils ont hacké la connection Skype pour apparaître en mode dégradé Minitel.

Équipe 7 : Tetalab/Carredinfo (Toulouse)

L’équipe des toulousains s’est penché sur le travail des parlementaires cumulards : est-ce que ceux qui cumulent en dehors de l’Assemblée cumulent aussi dans l’Assemblée (groupes d’études, groupes d’amitié… ) ? Leur travail a été documenté au fil de la journée sur un pad, jusqu’à leur synthèse finale.

“Nous sommes partis sur l’idée de comparer le cumul des mandats et l’activité parlementaire. Notre idée était d’étendre notre notion de cumul non seulement à l’accumulation de mandats locaux, mais également à la participation à de multiples groupes d’études et de travail. Nous nous sommes concentrés sur les député, le postulat étant ‘plus le nombre de mandat et de participations à des groupes était important, moins l’activité parlementaire réelle était significative’”.


Photos et illustrations :
CC Ophelia Noor pour OWNI.fr ; © Jacob Khrist, photojournaliste ; Instagrams par Gayané Adourian et Nicolas Loubet pour Knowtex ; Dessins par Benoit Crouzet pour Knowtex.
Le site de Hack The Press

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Hacker la presse http://owni.fr/2012/01/11/live-hacker-la-presse/ http://owni.fr/2012/01/11/live-hacker-la-presse/#comments Wed, 11 Jan 2012 07:36:38 +0000 Sabine Blanc http://owni.fr/?p=92971


Retrouvez le direct de la journée en fin d’article


Après le succès de la première édition, où les participants furent aussi nombreux que les grains du couscous engloutis le midi, Hack The Press a remis le couvert ce mercredi 11 janvier à La Cantine, en association avec OWNI, Silicon Maniacs, le magazine de Silicon Sentier, association regroupant des entreprises IT innovantes, Regard Citoyens, collectif spécialisé dans l’ouverture des données politiques et l’école d’informatique Epitech.

Nous aurions pu reprendre la formule initiale : une confrontation d’une journée entre équipes pluridisciplinaires journaliste-développeur-designer, définies à l’avance. Mais quel est le but de Hack The Press ? Se retrouver entre initiés ou inviter les profanes à entrer dans la danse des datas ? Cette année, nous avons fait le pari de convier aussi des débutants, qui seront épaulés par des datajournalistes plus expérimentés.

À quelques mois de la présidentielle, nous avons choisi de les faire plancher sur des données de Regards citoyens : tous les sets concernant les députés et les sénateurs. Et si les travaux ne sont pas finis à la fin de la journée, qu’importe : learning by failing, apprendre en se trompant, n’est-ce pas le credo des hackers, ces passionnés de bidouille, dont on ferait bien de s’inspirer au lieu de craindre l’erreur au point d’en être paralysé ?

Un oiseau encore rare dans les rédactions françaises

À l’heure de boucler la liste des participants, deux constats. Le premier, si le datajournalisme est devenu un marronnier de la rubrique média, peu de personnes en France peuvent affirmer exercer le métier de datajournaliste, au sens strict du terme : travailler au sein d’une rédaction à la production de contenus éditoriaux dont le traitement passe par les données.

Alors datajournalisme année 0 ? Non, si l’on s’en tient aux compétences, il suffit de jeter un œil aux résultats du récent concours de Google sur le thème de la présidentielle : il n’y a pas de journaliste dans les équipes. Les savoir-faire sont bien là mais ils ne sont pas utilisés dans des rédactions. On serait tenté d’expliquer ce fait par les difficultés économiques des médias, qui ne permet pas de former des troupes ou de former des pôles.

Car l’envie est là, et c’est le second enseignement : nous n’avons pas eu de peine à trouver des courageux débutants, qu’ils travaillent sur le papier ou le web. C’est ainsi que Lepoint.fr, Le Parisien, Le Monde, etc. enverront aux fronts des troupes. Comme disait mon camarade Nicolas Patte, qui écrit parfois avec Paule d’Atha, à propos de Jérôme Cukier, finaliste du concours Google avec Politweets, et qui fait de la dataviz à l’OCDE :

Il fait pas mal de data-mining et il écrit, donc il est data-journaliste :)

Finalement, après que les blogueurs ont mis le souk dans la petite caste du journalisme, des techos et des graphistes viennent à leur tour redéfinir ce métier aux contours définitivement flous. De là à ce que développeurs et graphistes reçoivent une carte de presse, de l’eau coulera sous les ponts. Et au fond qu’importe…

> Le site de Hack The Press
> Le programme


Le Storify de #hackthepress2

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[Radio] Le futur, à quoi ça sert ? http://owni.fr/2011/06/23/silicon-%ef%bb%bfradio-le-futur-a-quoi-ca-sert/ http://owni.fr/2011/06/23/silicon-%ef%bb%bfradio-le-futur-a-quoi-ca-sert/#comments Thu, 23 Jun 2011 10:15:54 +0000 Media Hacker http://owni.fr/?p=71476 Pourquoi fantasmer sur le futur ? Le journalisme de demain c’est quoi ? Comment vivre sans son iPhone? A quoi va ressembler la musique du futur ? Et finalement, le futur, à quoi ça sert ? Autant de questions qui seront abordées ce jeudi 23 juin sur Siliconradio, webradio éphémère dont OWNI est l’un des partenaires.

C’était quand déjà la fin du monde ?

2012 (et la fin du monde) se rapprochant à grand pas, Silicon Sentier a décidé de prendre ce sujet a bras le corps en créant une webradio éphémère ce jeudi 23 juin. Le thème?

Le futur prend le micro.

Cette expérience est menée à l’occasion du festival Futur en Seine qui se déroule jusqu’au 26 juin.

Le coup d’envoi de cette webradio réalisée en direct et en public à La Cantine à Paris a été donné jeudi 23 juin à 11h par les camarades de Silicon Maniacs avec de nombreux invités surprise. Vous pourrez retrouver tout le programme de cette journée, et le player de la web radio à cette adresse : http://www.siliconradio.fr/

L’Atelier des Médias/RFI et OWNI : à 2 pour 2 heures de futur

Pour cet évènement particulier, l’Atelier des Médias/RFI et OWNI ont décidé de penser le futur ensemble en partageant deux heures d’antenne, de 22h à minuit.

Tours de table, débats, présentations, journaux du futur… Pendant deux heures, l’équipe de l’Atelier des Médias et d’OWNI vont partager le futur avec les auditeurs ainsi que plusieurs invités venus décrypter le futur à nos cotés.

- Joseph Courbage, chercheur à l’institut national d’études démographiques
- Pierre Cattan, producteur audiovisuel en pointe sur les sujets Post-humains
- Christophe Galfard, physicien
- Jean Louis Frechin, responsable de l’agence NoDesign
- Jean François Lelouet, président de l’agence NellyRody

L’ami Vinvin sera aussi présent ce soir. Auteur-producteur et raconteur, mais aussi blogueur et impliqué dans TedX Paris, il viendra semer la disruption dans un programme apparemment bien huilé.

Du coté des animateurs maintenant, l’équipe de l’Atelier des médias est au grand complet avec Ziad Maalouf et Simon Decreuze. OWNI sera représenté par Philippe Couve ainsi que Romain Saillet.

Cette émission sera en direct sur Twitter, vous pourrez ainsi poser vos questions en ajoutant le hashtag #FENS (pour Futur en Seine). Nous relayerons vos questions à l’antenne. Mais si vous habitez Paris et que vous souhaitez passer directement “dans” l’antenne, n’hésitez pas venir à la Cantine Numérique de Paris, nous serons ravi de vous accueillir !


photo cc Flickr Rafael Kage

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Music Net.Works #3 – “Les Métadonnées : vers un web intelligent ?” http://owni.fr/2011/06/10/music-net-works-3-les-metadonnees-vers-un-web-intelligent/ http://owni.fr/2011/06/10/music-net-works-3-les-metadonnees-vers-un-web-intelligent/#comments Fri, 10 Jun 2011 20:03:16 +0000 Owni Music http://owni.fr/?p=32195

OWNImusic.com, Silicon Sentier et Le Bureau Export de la musique française présentent

Music Net.Works, le premier rendez-vous parisien des acteurs de la musique, du web et des nouvelles technologies mixant débats, workshops, networking et rencontres artistiques.

Après les premières éditions en février et avril dernier, qui avaient réuni un public nombreux dans une Cantine pleine à craquer, Music Net.Works revient le mercredi 22 juin 2011 à 19h avec une nouvelle session :

« Les métadonnées : vers un web intelligent ? »

INSCRIPTION

Aujourd’hui le sujet est au cœur de la réflexion et des enjeux pour l’industrie musicale et pour les acteurs du web. Les métadonnées, ces données qui permettent de renseigner les fichiers musicaux, sont directement liées au reversement des droits et à la promotion de la musique en ligne. A ce jour, plusieurs questions restent posées, qu’elles soient d’ordre culturel, technologique ou concurrentiel : comment peut-on tracer l’utilisation des titres ? comment l’information doit-elle être sécurisée ? quelle est l’utilité des normes internationales ? l’information se construit-elle à partir des contenus ou à partir des utilisateurs ? comment peut-elle être exploitée (au) mieux ?…

Music Net.Works se propose d’aborder ces questions sous l’angle professionnel, avec des acteurs de l’industrie musicale, de la technologie et du web.

Cette session de MusicNetWorks est une manifestation partenaire de Futur En Seine (cf. Programme OFF de FENS)

Pour cette troisième édition, Music Net.Works innove sur le format.

Programme

Rapide panorama de la situation des bases de données actuelles, puis exposition des 4 ateliers qui seront ensuite modérés par des professionnels, afin d’émettre une(des?) proposition(s) pour une prochaine étape:

La technologie peut-elle permettre voire élargir l’identification de contenus ?

Alexandre Archambault, Responsable des affaires réglementaires chez Iliad/Free

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Quel est l’impact des données contenus et des données utilisateurs sur le marketing ?

Yves Riesel, Fondateur et directeur de Abeille Musique et de Qobuz

-

Quel sont les chantiers en cours au niveau international et les enjeux ?

Jean-François Bert, Président de Transparency

-

Comment l’innovation technologique peut élargir l’exploitation des bases de données ?

Frédéric Rousseau, Responsable de la valorisation scientifique et industrielle à l’IRCAM

-

La rencontre sera animée par Hugo Amsellem (www.industriemusicale.com)

On se retrouve à l’issu des ateliers pour un rendu ensemble, avant de poursuivre la discussion après la désormais attendue livraison des pizzas…

Le public est invité à poser ses questions au panel en amont du débat via Twitter (avec le hashtag #MNW3) ou Facebook. La rencontre sera par ailleurs retransmise en direct sur le site de Music Net.Works.

Pour mieux comprendre la situation en amont, la session démarre dès maintenant: vous trouverez sur www.musicnetworks.org des liens vers de l’information et des analyses déjà disponibles sur le sujet : MidemNet Academy, World Copyright Forums, ou encore l’efficace émission LaMusiqueDemain.

Et d’ici le 22 juin, de nouveaux contenus…

La Cantine (voir plan)

151 rue Montmartre, Passage des Panoramas – 12 Galerie Montmartre, 75002 Paris
Métro : Grands Boulevards (L. 8 & 9)
Crée par : OWNImusic.com, Silicon Sentier et Le Bureau Export de la musique française
Partenaires : AF83Média, Cap Digital, Futur en Seine

www.musicnetworks.org / www.facebook.com/musicnetworks / www.twitter.com/MusicNet_Works / #MNW3

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Jusqu’où hacker l’humain? http://owni.fr/2011/05/26/jusquou-hacker-lhumain/ http://owni.fr/2011/05/26/jusquou-hacker-lhumain/#comments Thu, 26 May 2011 14:10:05 +0000 Denis-Quentin Bruet http://owni.fr/?p=64695 Et si l’on pouvait pirater le corps humain ? Rêve de cyborg, le biohacking désigne les expérimentations biotechnologiques qui cherchent à manipuler le vivant. Aussi appelé biologie de garage, biopunk ou Do-it-yourself biology, le biohacking a pour objectif de se réapproprier la machine humaine et, peut-être, de percer le code universel du vivant. Alors, le biohacking : rêve ou réalité ?

C’est à cette question que tenteront de répondre les participants aux conférences et aux ateliers de Faire / Savoir le Web qui aura lieu le 26 mai à la Cantine : jusqu’où hacker l’individu ? A l’heure où les transhumanistes multiplient les prédictions parfois fantaisistes, le concept de la conférence consiste à confronter le «savoir», les grands discours sur l’avenir, et le «faire», les ingénieurs capables, aujourd’hui, de dire ce qui est possible et ce qui ne l’est pas. Silicon Maniacs apporte sa pierre à l’édifice en présentant les 3 cas pratiques du 26 mai.

Cas pratique #1 : parlez-vous dauphin ?

Rêve / Avec Un animal doué de raison, Robert Merle rêvait déjà de communiquer avec nos amis les dauphins. Années 1960 obligent, la solution qu’il avait alors entrevu était de leur apprendre l’anglais… Pas terrible. Aujourd’hui, les nouvelles problématiques du langage tournent davantage autour des secrets du codage de l’information : existe-t-il un code universel ? Des 0 et des 1 qui nous permettrait de dialoguer avec notre chien ? Dans le transhumanisme, sous la plume d’un Kurzweil par exemple, l’être humain est une machine biologique. Admettre cela revient ainsi à élargir le spectre du « post-humain » à d’autres espèces comme les mammifères les plus intelligents : robots et animaux. Imaginez une société où dauphins, singes, rats et animaux humains vivraient en harmonie ?

Réalité / Communiquer avec les dauphins, c’est déjà possible. Et oui : intelligents, ceux-ci peuvent être amenés à comprendre certains de nos gestes pour accomplir des pirouettes et impressionner les touristes. Mais si les dauphins sont suffisamment intelligent pour nous comprendre, l’inverse n’est pour l’instant pas tout à fait vrai… Cela fait des dizaine d’années que des scientifiques tentent de percer le secret de ce langage, en vain (voir ce dossier exhaustif) ! Aujourd’hui, aux Etats-Unis, des scientifiques américains du Wild Dolphin Project se sont plongés dans le langage de nos amis les dauphins avec une idée originale : au lieu de chercher à imposer notre langage, pourquoi ne pas co-créer un langage avec les dauphins ? Le Dr. Denise Herzing, fondatrice du WDP, et Thad Starner, chercheur en I.A, ont conçu un ordinateur sous-marin capable de reconnaitre et de localiser les «discussions» des dauphins. Utilisant des hydrophones pour repérer les sons, et des LED pour en indiquer la direction, la machine est ensuite utilisée pour rejouer certains sons et observer la réponse. L’idée : fournir aux dauphins l’un des huits mots créé par l’équipe pour désigner certains objets précis comme « algues » ou « poissons ». Les dauphins pourront-ils les répéter et les utiliser ? Cela permettrait ensuite au Dr. Denise Herzing de pouvoir cataloguer toutes les variables phonique du chant des dauphins et, peut-être, en percer la grammaire tant espérée. Finalement, c’est la machine qui jouera le rôle d’intermediaire entre nos deux espèces !

Cas pratique #2 : Jusqu’où hacker l’humain ?

Rêve / Pour les Transhumanistes, pas de doutes et, surtout, pas de limites, l’être humain doit se fondre dans la machine : il faut hacker le vivant pour créer des cyborgs à l’intelligence décuplée ou, alors, uploader son esprit dans le cyber-espace. Cette dernière possibilité est rendue possible par l’espoir presque millénariste de l’apparition de la Singularité. Selon les prédictions de Ray Kurzweil, la Singularité, qui doit apparaître aux environs de 2045, est à la fois une entité et un moment Historique lors duquel l’intelligence des ordinateurs dépassera celle du cerveau humain. Mais est-ce souhaitable ? Cela ne risque-t-il pas de décupler les inégalités ou, pire, de rendre l’être humain obsolète ? Selon Hugo de Garis, chercheur en I.A, l’apparition d’une intelligence artificielle divisera le monde et déclenchera une guerre, provoquant des milliards de morts, explique-t-il dans The Artilect War (2005). Et oui, toutes les prédictions transhumanistes ne sont pas positives ! Hugo de Baris poursuit en posant la question de la domination des espèces par des intelligences artificielles qu’il appelle artilects. Cela risquerait de déclencher la gigadeath, la troisième (et sans doute dernière) guerre mondiale. Dans ce cadre, on pourrait s’interroger : faut-il ouvrir la boite de Pandore du biohacking ?

Réalité / Mais, concrètement, le cyborg, on en est où ? « Pionnier », « aventurier », « guignol », les adjectifs ne manquent pas pour désigner Kevin Warwick, l’homme que les medias ont, dès 1998, baptisé : « le premier cyborg ». Après s’être implanté une puce RFID sous la peau, Kevin Warwick s’implanta une puce interfacée avec un nerf de l’avant-bras, ce qui lui permettait de contrôler, à distance, une main robotique. Mais, dès aujourd’hui, au-delà des figures les plus médiatiques – et polémiques – des chercheurs cherchent à créer de nouvelles interfaces entre le corps humain et les machines, en recréant le corps dans un but…. médical. Telle est l’idée du professeur Don Igber, Directeur de l’institut Wyss à Harvard, qui a conçu des simili-organes qui permettent de tester de nouveaux produits pharmaceutiques : ce sont de véritables cellules vivantes qui sont placées sur une puce biocompatible. Les cobayes de laboratoires apprécieront. Un hack peut-être, mais un hack thérapeutique !

Pour lire les autres articles de Silicon Maniacs sur le biohacking :

Autopsie de l’immortalité

i-résurrection : mode d’emploi

La mort vous web si bien

Cas pratique #3 : l’IP des objets ?

Rêve / L’IP est un service d’adressage pour l’ensemble des terminaux connectés à internet. Mais, avec l’extension du réseau wifi et la réalité augmentée, on peut s’interroger : et si les objets aussi se connectaient au web ? Pour qu’internet se prolonge dans le monde réel, l’internet des objets, IdO pour les intimes, doit leur associer un IP, comme une étiquette qui permet le lien entre les deux mondes. Mais si les objets ont leurs IP, les humains pourraient, un jour, avoir le leur, par le biais d’une puce intra-cutanée… Cela ne risque-t-il pas de mettre fin à l’anonymat sur internet ? Faut-il favoriser les IP dynamiques aux IP statiques ? Voila qui permettrait de continuer de surfer sur internet sans être aussi repérable que dans le monde réel !

Réalité / Les prédictions ne sont pas l’apanages des seuls transhumanistes, de nombreux experts ont prévenu depuis longtemps que le stock d’IP arrivait bientôt à son terme et… ça y est ! Les projections placent la panne sèche à la moitié de cette année. Principal responsable ? L’explosion de l’internet mobile qui a littéralement dévoré le stock d’IP. Première solution, l’IPv6 qui fournira pres de 667 millions de milliards d’adresses IP disponibles par mm2 de la surface de la Terre.

Pour lire les autres articles de Silicon Maniacs sur l’internet des objets :

Internet des objects : let’s get physical !

Arduino, le documentaire

Quand l’internet des objets touche à l’intime

Événement à la Cantine: Faire/Savoir le web

Pour en savoir plus sur les 3 cas pratiques, n’hésitez pas à venir le 26 mai. En partenariat avec Silicon Sentier, Owni, le Centre Pompidou, Internet Actu et Silicon Maniacs, l’atelier-conférence aura lieu à partir de 18h30 à la Cantine, en présence de Ariel Kyrou, Rémi Sussan, Guillaume Dumas, Olivier Nerot et Rand Hindi.

Toutes les infos et inscription à l’évènement à Paris, sur le site de La Cantine.

Illustrations Wikimedia Commons CC by-sa Aavindraa et Flickr CC by-nc-sa Florism

Initialement publié sur SiliconManiacs sous le titre BioHacking : Hacker le vivant

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“Le concert 2.0 : l’expérience du live augmentée ?” #MNW2 http://owni.fr/2011/04/04/le-concert-2-0-lexperience-du-live-augmentee-mnw2/ http://owni.fr/2011/04/04/le-concert-2-0-lexperience-du-live-augmentee-mnw2/#comments Mon, 04 Apr 2011 11:39:25 +0000 Loïc Dumoulin-Richet http://owni.fr/?p=31429 INSCRIPTION

Le 21 février dernier avait lieu la première édition de Music Net.Works dans une Cantine pleine à craquer. Désireux de transformer l’essai, OWNImusic, Silicon Sentier et Le Bureau Export ont souhaité proposer une seconde édition du premier rendez-vous des acteurs de la musique, du web et des nouvelles technologies dans la foulée de la première.

Le lundi 11 avril prochain de 19h à 22h, nous vous donnons rendez-vous pour #MNW2. Après le débat mp3/URL de février nous avons choisi de nous interroger sur la thématique du live avec le sujet suivant :

“Le concert 2.0 : l’expérience du live augmentée ?”

Le concert, et après ? Par essence événement unique et éphémère, le concert profite du web et des nouvelles technologies pour enrichir l’expérience du spectateur, qu’il soit dans la salle ou hors les murs.

Devant un écran, sur les réseaux sociaux, sur le mobile, le concert se prolonge et s’exporte dans des espaces dématérialisés. A l’intérieur de la salle, de nouveaux dispositifs technologiques augmentent l’expérience live. Quelles innovations pour donner au live une dimension nouvelle au delà de son objet premier ? Le live s’en trouve t-il dénaturé ou, au contraire enrichi ? Quelles conséquences sur l’écosystème du spectacle ?

Pour débattre et échanger sur ce thème, un panel de professionnels immergé quotidiennement au coeur du sujet sera présent :

Christophe Abric, fondateur de La Blogothèque
Joël Ronez, responsable du pôle web d’Arte France (Arte Live Web)
Pierre-Alexandre Vertadier, Directeur Général de TSProd
Vittorio Strigari, fondateur et PDG de Awdio
Christopher Escalpez, fondateur de Grandcrew

Nous aurons également la chance de profiter d’une performance exclusive du collective Zeitlinie

Zeitlinie est un dispositif agençant musique, volume, image animée et programmation. Zeitlinie est issu d’un questionnement de la forme traditionnelle du concert et du mode de réception des œuvres d’art.

Toutes les infos ici: http://zeitlinie.net/

L’interactivité sera au rendez-vous, sur Twitter notamment, où grâce au hashtag #MNW2 les internautes pourront poser leurs questions et ainsi participer au débat, tout comme les participants présents dans la salle.

Music Net.Works est un événement créé et organisé par OWNImusic, Silicon Sentier et le Bureau Export, en partenariat avec MXP4, AF83Média et Musique Info

www.musicnetworks.org@MusicNet_Works – facebook.com/musicnetworks – Hashtag officiel : #MNW2

Crédit logo : Loguy / Bannière : Romain Saillet

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http://owni.fr/2011/04/04/le-concert-2-0-lexperience-du-live-augmentee-mnw2/feed/ 1
“Music Net.Works” Yes we can! http://owni.fr/2011/02/26/music-net-works-yes-we-can/ http://owni.fr/2011/02/26/music-net-works-yes-we-can/#comments Sat, 26 Feb 2011 12:52:32 +0000 Hugo Amsellem http://owni.fr/?p=48607

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Article initialement publié sur OWNImusic sous le titre: “Bilan Music Net.Works #1: ‘le MP3 est mort, vive l’URL?’”

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Il manquait un événement qui réunisse la nouvelle génération des acteurs de l’innovation et de la musique autour d’une même table. C’est chose faite avec Music Net.Works, un rendez-vous qui ambitionne de faire avancer le débat en rassemblant des intervenants pertinents devant un public divers issu des deux mondes. L’adoption de formats qui se veulent innovants et des sujets volontiers provocateurs sont les conditions de réussite de cette organisation. La première édition a eu lieu lundi 21 février et la synthèse qui suit vous est offerte par Hugo Hemsellem, auteur du blog industriemusicale.com.

Hier se tenait à la Cantine (@LaCantine) la première édition des MusicNet.Works qui ambitionne mensuellement de se faire rencontrer les acteurs de l’écosystème web/musique. Pour cette première session, des intervenants de qualité ont débattu autour d’une problématique volontairement provocatrice : «Le mp3 est mort, vive l’URL ?».

Le modèle de la conférence est clair, cinq minutes de pitch par intervenant pour répondre à la problématique donnée, en privilégiant deux approches, l’approche usage et l’approche économique. Modérateur de la conférence, Aymeric Pichevin, co-fondateur du Home Sessions Club et correspondant en France du magazine Billboard, introduit avec une définition du «Cloud Computing» comme concept plus large que le concept d’URL. Ce soir l’opposition sera faite entre le mp3 (en tant que produit) et le streaming (en tant qu’accès).

Premier intervenant, Franz Tournadour (fondateur de Playlive) commence son raisonnement par une mise en abîme en rappelant que Spotify et consorts streament un fichier réel. Ce fichier réel, le mp3 (nom générique) est un fichier accessible et organisable en local. Le stream correspond donc à un mp3 connecté permettant une expérience utilisateur optimisée et complexifiée. Conséquemment, l’URL (ou le mp3 connecté) permet de sortir du paradigme de l’enregistrement que le mp3 perpétuait, et accroit l’innovation et les possibilités. Selon Franz, l’URL, contrairement au mp3 seul, permet à l’artiste de partager un univers, accroît la valeur d’usage et ouvre donc la porte à une monétisation logique. Il reprend la logique d’adoption de masse et rappelle que si 10% des internautes payent 10€ par mois pour un tel abonnement, l’industrie musicale s’en porterait mieux qu’en 2000. Ce raisonnement revient à dire qu’une forme de licence globale par les acteurs de l’innovation est une solution à long terme pour l’industrie, ce qui est pertinent mais soulève d’autres problèmes de liquidités à court terme.

Antoine El Iman (Noomiz) / Annina Svensson (Spotify)

Annina Svensson, DG de Spotify France met elle en avant le paradoxe du mp3, avec des situation parfois ironique de synchronisation impossible entre mobile et fixe. Annina va alors naturellement orienter le débat vers l’accès à la musique, et désormais définir cet accès comme une commodité. Conséquemment, et reprenant l’analyse très connue de Gerd Leonard, Music Like Water, elle déclare que la valeur est déportée vers le contenu ajouté. Spotify est donc conçu comme une plateforme, et permet aux développeurs et aux utilisateurs d’adapter le service à leurs besoins. Mais Spotify permet aussi aux marques, via du Branded Content de densifier l’expérience utilisateur, et donc permettre aux annonceurs d’adapter également la plateforme à leurs besoins. Encore une fois cette réponse très théorique et conceptuelle ne prend pas en compte les réalités économiques de certains acteurs qui ne vivent que de la création de valeur par la musique. Si la valeur économique est déportée vers le contenu ajouté, quelle redistribution pour ceux qui vivent du contenu brut, la musique ?

Yvan Boudillet, responsable du département digital business development chez EMI Music France commence par saluer (et il a bien raison) l’initiative qui réunit les créateurs et les entrepreneurs autour de l’innovation. Sa démonstration commence par le refus de rentrer dans une opposition des formats stream et mp3. Il ne faut pas rentrer dans une guerre des formats, car il n’existe plus de problèmes d’interopérablilité. Par ailleurs, Yvan préfère parler de musique connectée et enrichie avec des initiatives comme Opendisc et défini le l’URL comme un lien entre les différentes expériences. Il tient également à éviter l’opposition DRM (construire autour du mp3 par les métadonnées) vs. CRM (connaître les consommateurs et leur parler). Il en profite pour admettre que les majors expérimentent mais ne sont pas expertes sur ces sujets-là, du moins pas encore. Ce travail doit être fait en amont de la démarche de commercialisation et de production, et les métadonnées deviendront alors la clé de voute de l’écosystème de la musique. Cette intervention pleine de sens nous rappelle que les execs de majors ont aussi les mains dans le cambouis et que les solutions se trouvent le plus souvent dans l’expérimentation et l’itération. Cette importance des métadonnées démontre qu’il est primordial pour l’industrie musicale de transformer les données en informations et impérativement en connaissance. Ce process expliqué par la demi-punchline «DRM marche avec CRM» fait sens et nous permet d’identifier un premier chantier concret avant de rentrer dans des considérations presque métaphysiques de l’avenir de l’industrie musicale.

Gilles Babinet, Aymeric Pichevin, Yvan Boudillet (EMI Music France)

Antoine El Iman, fondateur de Noomiz rappelle que les utilisateurs ont envie d’ubiquité, d’exhaustivité et de découvrir/partager. Sur ces observations, pas de chiffres mais des tendances : très faible croissance du téléchargement légal, forte croissance sur le streaming et surtout sur les réseaux sociaux (80% du trafic sur Noomiz). Pour Antoine l’URL va même plus loin, puisqu’elle permet d’analyser et d’interpréter l’audience et de générer des recommandations sociales. Ces outils sont donc pertinents face au besoin des maisons de disques de détecter les nouveaux talents, puisque ces derniers représente une part croissante des revenus (+15% chaque année depuis 3 ans). C’est un reproche qu’il fait à l’industrie musicale des années 2000 qui ne s’est pas occupée des consommateurs finaux mais des intermédiaires.

Romain Becker de chez Believe Digital, a surtout mis l’accent sur le lien entre l’URL et les ayant-droit, ce format permettant d’identifier celui qui lui est rattaché directement. Une fois que l’on maitrise les contenus (piratage en baisse) et les ayant-droit, il faut considérer le web comme un média. Ce process permet selon Romain de reconstruire à travers l’URL un réel modèle économique. Encore faut-il s’assurer que l’on maitrise les contenus, chose peu aisée étant donnés les usages ancrés de piratage. La théorie avancé par Romain Becker sous-tend à juste titre qu’un écosystème à besoin de fondations solides (process, organisation, standards) pour pouvoir innover. Dans le cas de l’industrie musicale, les process ne sont pas encore complètement industrialisés, la transparence de l’information est multilatéralement faible, et les standards encore balbutiants. Il reste donc encore énormément de travail pour solidifier cet écosystème et «reconstruire à travers l’URL un réel modèle économique».

Laurent Bizot, DG du label No Format présente la vie d’un label. Il rappelle l’importance de la création, et chiffre concrètement ses arguments. Un album c’est deux ans de gestation, et en moyenne 20 000 euros d’investissement pour un producteur. Un label comme No Format reverse à l’artiste de 30 à 65% des revenus générés par la vente d’un CD, et a besoin de vendre autour de 7000 albums digitaux pour arriver à l’équilibre, alors qu’il lui faut 222 millions d’écoutes sur Spotify pour le même résultat. La situation décrite est connue, mais à le mérite de mettre en exergue le paradoxe que connait l’industrie musicale dans sa gestion de l’innovation. Laurent Bizot utilise et apprécie Spotify, c’est pour lui la meilleure expérience utilisateur pour consommer la musique, mais il pense chaque jour à retirer son catalogue du site suédois pour simplement survivre. Même s’il se rend compte que c’est l’avenir, cette solution n’est pas monétisable pour la création à court terme. En ouverture il demande aux FAI et aux sites de streaming de soutenir la création sous forme de taxe, ou de contrepartie (Spotify qui donne les données relatives aux écoutes).

Le panel

Gilles Babinet, serial entrepreneur web/musique provoque d’entrée : «fuck the format?». Il propose de se recentrer sur les usages de la musique, comme lorsqu’il a créé Musiwave et compris que les jeunes voulaient des sonneries Hi-Fi. Cette réflexion qui peut créer du sens et de l’argent doit être au coeur de la réflexion. Les 8-12 ans, sur des sites de partage de vidéos comme Youtube ou Dailymotion, regardent la musique à plus de 50%, et c’est à partir d’un constat comme celui-ci que l’on peut donner des réponses pertinentes selon Gilles. Quant au financement de la création ? Il est cyclique et à connu le mécénat pour aller vers le financement participatif. Pour l’instant la priorité est de gagner en nombre d’entité qui peuvent pousser et promouvoir la musique, et surtout de développer des interfaces utilisateurs ultra simplifiées. Pour autant le nombre d’entité dans cet écosystème (il commence à y avoir pas mal d’acteurs) est intéressant mais leurs impacts potentiels respectifs ne semblent pas suffire à transformer la valeur d’usage en valeur économique, ce qui est impactant pour les petites entités.

Philippe Cohen Solal, de Gotan Project est auteur, artiste et producteur. Pour le mot de la fin il raconte son histoire d’amour avec le vinyle et son désamour pour le mp3. Donc il a un regard assez détaché sur la mort possible de ce format et se demande surtout comment l’industrie peut gagner de l’argent. Il va tenter l’analogie avec l’apparition de la radio libre perçue alors comme une menace pour les maisons de disques, puisque elle permettait l’écoute continue de musique en haute qualité. L’URL va-t-elle devenir la radio du mp3 ?

Sur ces pitchs d’intervenants, les problématiques économiques n’ont été que trop peu abordées, et le sont dans la seconde partie : le débat, «Quelle formes de monétisations pour la musique ?»

Annina Svensson ne veut pas oublier la création, sans laquelle une initiative comme Spotify n’aurait pas de sens. L’exhaustivité du catalogue détermine la valeur de l’offre de Spotify, et même si les labels peuvent percevoir le site de streaming suédois comme une menace, elle leur demande un peu candidement de faire un «Leap of faith» et de croire à long terme à ce modèle. Yvan Boudillet envisage des modèles coexistants et rappelle que le streaming est un relais de croissance pour le mp3 (Deezer 1er affilié d’iTunes, etc.). De plus l’identification de valeur sur le streaming est complexe puisqu’elle fluctue en fonction de l’utilisateur. Sur iTunes, le prisme du prix peut être animé ce qui est plus difficile sur une logique cross-plateforme. Et ce prisme du prix peut permettre un relais de croissance pour le back catalogue en créant des promotions croisées entre les nouveaux artistes et les artistes dont ils se réclament. Lors de ce débat il sera aussi rappelé que l’iTunes-dépendance existe encore, mais qu’elle empêche le paradigme de la longue traine d’être validé. Ainsi sur le streaming les abonnés payants à Spotify valident ce paradigme et écoutent beaucoup plus de musique indépendante que les utilisateurs de la version gratuite.

Philippe Cohen-Solal (Gotan Project), Annina Svensson, Franz Tournadour (Playlive), Gilles Babinet, Aymeric Pichevin

Pourtant dans ce débat parfois assez consensuel les questions pratiques ne sont pas abordées. Les problématiques de financement de cet écart de trésorerie entre un business model concentrique autour du disque et un business multicentrique autour de l’artiste sont évitées. Et pour cause, les principales pistes de financement impliquent que la musique ne soit plus monétisée directement, mais serve de produit d’appel pour d’autres industries. Si les notions de «Branded Content», de «Social Gaming» et d’abonnement téléphoniques sont uniquement avancées quand on parle monétisation, le risque pour les créateurs et les producteurs de devenir dépendant de ces acteurs devient important.

Du coté des questions, elles sont restées plutôt génériques, avec un décalage réel entre les attentes du public et les réponses des panélistes. En témoigne une intervention d’un artiste vraisemblablement irrité par la tournure quasi exclusivement business qu’a pris la conférence, qui s’en est pris principalement à Annina Svensson, DG de Spotify France, et à son incapacité à répondre concrètement à des questions de monétisation de la création. Sur Twitter, de nombreux participants attendaient une question sur la licence globale, mais sans revendications précises. Cette bataille date un peu et semble être obsolète face à la configuration actuelle des acteurs (entrepreneurs et créateurs) autour de la gestion de l’innovation.

En résumé une très bonne première édition d’un rendez-vous que les acteurs attendent désormais mensuellement, et qui sera également attendu par le public avec de nombreuses questions on l’espère les plus constructives possibles. On imagine et espère des prochaines éditions plus spécifiques avec des sujets précis et des intervenants tout aussi pertinents.

Retrouvez ci-dessous le débat en vidéo:

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Illustrations CC FlickR: Ophelia Noor et Silicon Maniacs

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http://owni.fr/2011/02/26/music-net-works-yes-we-can/feed/ 22
Bilan Music Net.Works #1 : “Le MP3 est mort, vive l’URL?” http://owni.fr/2011/02/25/bilan-music-net-works-1-le-mp3-est-mort-vive-lurl/ http://owni.fr/2011/02/25/bilan-music-net-works-1-le-mp3-est-mort-vive-lurl/#comments Fri, 25 Feb 2011 06:00:03 +0000 Hugo Amsellem http://owni.fr/?p=30519 Hier se tenait à la Cantine (@LaCantine) la première édition des MusicNet.Works qui ambitionne mensuellement de se faire rencontrer les acteurs de l’écosystème web/musique. Pour cette première session, des intervenants de qualité ont débattu autour d’une problématique volontairement provocatrice : «Le mp3 est mort, vive l’URL ?».

Le modèle de la conférence est clair, cinq minutes de pitch par intervenant pour répondre à la problématique donnée, en privilégiant deux approches, l’approche usage et l’approche économique. Modérateur de la conférence, Aymeric Pichevin, co-fondateur du Home Sessions Club et correspondant en France du magazine Billboard, introduit avec une définition du «Cloud Computing» comme concept plus large que le concept d’URL. Ce soir l’opposition sera faite entre le mp3 (en tant que produit) et le streaming (en tant qu’accès).

Premier intervenant, Franz Tournadour (fondateur de Playlive) commence son raisonnement par une mise en abîme en rappelant que Spotify et consorts streament un fichier réel. Ce fichier réel, le mp3 (nom générique) est un fichier accessible et organisable en local. Le stream correspond donc à un mp3 connecté permettant une expérience utilisateur optimisée et complexifiée. Conséquemment, l’URL (ou le mp3 connecté) permet de sortir du paradigme de l’enregistrement que le mp3 perpétuait, et accroit l’innovation et les possibilités. Selon Franz, l’URL, contrairement au mp3 seul, permet à l’artiste de partager un univers, accroît la valeur d’usage et ouvre donc la porte à une monétisation logique. Il reprend la logique d’adoption de masse et rappelle que si 10% des internautes payent 10€ par mois pour un tel abonnement, l’industrie musicale s’en porterait mieux qu’en 2000. Ce raisonnement revient à dire qu’une forme de licence globale par les acteurs de l’innovation est une solution à long terme pour l’industrie, ce qui est pertinent mais soulève d’autres problèmes de liquidités à court terme.

Antoine El Iman (Noomiz) / Annina Svensson (Spotify)

Annina Svensson, DG de Spotify France met elle en avant le paradoxe du mp3, avec des situation parfois ironique de synchronisation impossible entre mobile et fixe. Annina va alors naturellement orienter le débat vers l’accès à la musique, et désormais définir cet accès comme une commodité. Conséquemment, et reprenant l’analyse très connue de Gerd Leonard, Music Like Water, elle déclare que la valeur est déportée vers le contenu ajouté. Spotify est donc conçu comme une plateforme, et permet aux développeurs et aux utilisateurs d’adapter le service à leurs besoins. Mais Spotify permet aussi aux marques, via du Branded Content de densifier l’expérience utilisateur, et donc permettre aux annonceurs d’adapter également la plateforme à leurs besoins. Encore une fois cette réponse très théorique et conceptuelle ne prend pas en compte les réalités économiques de certains acteurs qui ne vivent que de la création de valeur par la musique. Si la valeur économique est déportée vers le contenu ajouté, quelle redistribution pour ceux qui vivent du contenu brut, la musique ?

Yvan Boudillet, responsable du département digital business development chez EMI Music France commence par saluer (et il a bien raison) l’initiative qui réunit les créateurs et les entrepreneurs autour de l’innovation. Sa démonstration commence par le refus de rentrer dans une opposition des formats stream et mp3. Il ne faut pas rentrer dans une guerre des formats, car il n’existe plus de problèmes d’interopérablilité. Par ailleurs, Yvan préfère parler de musique connectée et enrichie avec des initiatives comme Opendisc et défini le l’URL comme un lien entre les différentes expériences. Il tient également à éviter l’opposition DRM (construire autour du mp3 par les métadonnées) vs. CRM (connaître les consommateurs et leur parler). Il en profite pour admettre que les majors expérimentent mais ne sont pas expertes sur ces sujets-là, du moins pas encore. Ce travail doit être fait en amont de la démarche de commercialisation et de production, et les métadonnées deviendront alors la clé de voute de l’écosystème de la musique. Cette intervention pleine de sens nous rappelle que les execs de majors ont aussi les mains dans le cambouis et que les solutions se trouvent le plus souvent dans l’expérimentation et l’itération. Cette importance des métadonnées démontre qu’il est primordial pour l’industrie musicale de transformer les données en informations et impérativement en connaissance. Ce process expliqué par la demi-punchline «DRM marche avec CRM» fait sens et nous permet d’identifier un premier chantier concret avant de rentrer dans des considérations presque métaphysiques de l’avenir de l’industrie musicale.

Gilles Babinet, Aymeric Pichevin, Yvan Boudillet (EMI Music France)

Antoine El Iman, fondateur de Noomiz rappelle que les utilisateurs ont envie d’ubiquité, d’exhaustivité et de découvrir/partager. Sur ces observations, pas de chiffres mais des tendances : très faible croissance du téléchargement légal, forte croissance sur le streaming et surtout sur les réseaux sociaux (80% du trafic sur Noomiz). Pour Antoine l’URL va même plus loin, puisqu’elle permet d’analyser et d’interpréter l’audience et de générer des recommandations sociales. Ces outils sont donc pertinents face au besoin des maisons de disques de détecter les nouveaux talents, puisque ces derniers représente une part croissante des revenus (+15% chaque année depuis 3 ans). C’est un reproche qu’il fait à l’industrie musicale des années 2000 qui ne s’est pas occupée des consommateurs finaux mais des intermédiaires.

Romain Becker de chez Believe Digital, a surtout mis l’accent sur le lien entre l’URL et les ayant-droit, ce format permettant d’identifier celui qui lui est rattaché directement. Une fois que l’on maitrise les contenus (piratage en baisse) et les ayant-droit, il faut considérer le web comme un média. Ce process permet selon Romain de reconstruire à travers l’URL un réel modèle économique. Encore faut-il s’assurer que l’on maitrise les contenus, chose peu aisée étant donnés les usages ancrés de piratage. La théorie avancé par Romain Becker sous-tend à juste titre qu’un écosystème à besoin de fondations solides (process, organisation, standards) pour pouvoir innover. Dans le cas de l’industrie musicale, les process ne sont pas encore complètement industrialisés, la transparence de l’information est multilatéralement faible, et les standards encore balbutiants. Il reste donc encore énormément de travail pour solidifier cet écosystème et «reconstruire à travers l’URL un réel modèle économique».

Laurent Bizot, DG du label No Format présente la vie d’un label. Il rappelle l’importance de la création, et chiffre concrètement ses arguments. Un album c’est deux ans de gestation, et en moyenne 20 000 euros d’investissement pour un producteur. Un label comme No Format reverse à l’artiste de 30 à 65% des revenus générés par la vente d’un CD, et a besoin de vendre autour de 7000 albums digitaux pour arriver à l’équilibre, alors qu’il lui faut 222 millions d’écoutes sur Spotify pour le même résultat. La situation décrite est connue, mais à le mérite de mettre en exergue le paradoxe que connait l’industrie musicale dans sa gestion de l’innovation. Laurent Bizot utilise et apprécie Spotify, c’est pour lui la meilleure expérience utilisateur pour consommer la musique, mais il pense chaque jour à retirer son catalogue du site suédois pour simplement survivre. Même s’il se rend compte que c’est l’avenir, cette solution n’est pas monétisable pour la création à court terme. En ouverture il demande aux FAI et aux sites de streaming de soutenir la création sous forme de taxe, ou de contrepartie (Spotify qui donne les données relatives aux écoutes).

Le panel

Gilles Babinet, serial entrepreneur web/musique provoque d’entrée : «fuck the format?». Il propose de se recentrer sur les usages de la musique, comme lorsqu’il a créé Musiwave et compris que les jeunes voulaient des sonneries Hi-Fi. Cette réflexion qui peut créer du sens et de l’argent doit être au coeur de la réflexion. Les 8-12 ans, sur des sites de partage de vidéos comme Youtube ou Dailymotion, regardent la musique à plus de 50%, et c’est à partir d’un constat comme celui-ci que l’on peut donner des réponses pertinentes selon Gilles. Quant au financement de la création ? Il est cyclique et à connu le mécénat pour aller vers le financement participatif. Pour l’instant la priorité est de gagner en nombre d’entité qui peuvent pousser et promouvoir la musique, et surtout de développer des interfaces utilisateurs ultra simplifiées. Pour autant le nombre d’entité dans cet écosystème (il commence à y avoir pas mal d’acteurs) est intéressant mais leurs impacts potentiels respectifs ne semblent pas suffire à transformer la valeur d’usage en valeur économique, ce qui est impactant pour les petites entités.

Philippe Cohen Solal, de Gotan Project est auteur, artiste et producteur. Pour le mot de la fin il raconte son histoire d’amour avec le vinyle et son désamour pour le mp3. Donc il a un regard assez détaché sur la mort possible de ce format et se demande surtout comment l’industrie peut gagner de l’argent. Il va tenter l’analogie avec l’apparition de la radio libre perçue alors comme une menace pour les maisons de disques, puisque elle permettait l’écoute continue de musique en haute qualité. L’URL va-t-elle devenir la radio du mp3 ?

Sur ces pitchs d’intervenants, les problématiques économiques n’ont été que trop peu abordées, et le sont dans la seconde partie : le débat, «Quelle formes de monétisations pour la musique ?»

Annina Svensson ne veut pas oublier la création, sans laquelle une initiative comme Spotify n’aurait pas de sens. L’exhaustivité du catalogue détermine la valeur de l’offre de Spotify, et même si les labels peuvent percevoir le site de streaming suédois comme une menace, elle leur demande un peu candidement de faire un «Leap of faith» et de croire à long terme à ce modèle. Yvan Boudillet envisage des modèles coexistants et rappelle que le streaming est un relais de croissance pour le mp3 (Deezer 1er affilié d’iTunes, etc.). De plus l’identification de valeur sur le streaming est complexe puisqu’elle fluctue en fonction de l’utilisateur. Sur iTunes, le prisme du prix peut être animé ce qui est plus difficile sur une logique cross-plateforme. Et ce prisme du prix peut permettre un relais de croissance pour le back catalogue en créant des promotions croisées entre les nouveaux artistes et les artistes dont ils se réclament. Lors de ce débat il sera aussi rappelé que l’iTunes-dépendance existe encore, mais qu’elle empêche le paradigme de la longue traine d’être validé. Ainsi sur le streaming les abonnés payants à Spotify valident ce paradigme et écoutent beaucoup plus de musique indépendante que les utilisateurs de la version gratuite.

Philippe Cohen-Solal (Gotan Project), Annina Svensson, Franz Tournadour (Playlive), Gilles Babinet, Aymeric Pichevin

Pourtant dans ce débat parfois assez consensuel les questions pratiques ne sont pas abordées. Les problématiques de financement de cet écart de trésorerie entre un business model concentrique autour du disque et un business multicentrique autour de l’artiste sont évitées. Et pour cause, les principales pistes de financement impliquent que la musique ne soit plus monétisée directement, mais serve de produit d’appel pour d’autres industries. Si les notions de «Branded Content», de «Social Gaming» et d’abonnement téléphoniques sont uniquement avancées quand on parle monétisation, le risque pour les créateurs et les producteurs de devenir dépendant de ces acteurs devient important.

Du coté des questions, elles sont restées plutôt génériques, avec un décalage réel entre les attentes du public et les réponses des panélistes. En témoigne une intervention d’un artiste vraisemblablement irrité par la tournure quasi exclusivement business qu’a pris la conférence, qui s’en est pris principalement à Annina Svensson, DG de Spotify France, et à son incapacité à répondre concrètement à des questions de monétisation de la création. Sur Twitter, de nombreux participants attendaient une question sur la licence globale, mais sans revendications précises. Cette bataille date un peu et semble être obsolète face à la configuration actuelle des acteurs (entrepreneurs et créateurs) autour de la gestion de l’innovation.

En résumé une très bonne première édition d’un rendez-vous que les acteurs attendent désormais mensuellement, et qui sera également attendu par le public avec de nombreuses questions on l’espère les plus constructives possibles. On imagine et espère des prochaines éditions plus spécifiques avec des sujets précis et des intervenants tout aussi pertinents.

Crédits photos: FlickR CC Ophelia Noor et Silicon Maniacs

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